Institut Universitaire Elie Wiesel

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"Penser la reconstruction, vivre le judaïsme : Elie Wiesel et la pensée juive de langue française"

Conférence de Sandrine Szwarc

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, des intellectuels juifs en France réfléchissent à la nécessaire et urgente mission de la judaïcité contemporaine : la renaissance d’une pensée juive vivante après la catastrophe et l'espoir suscité par la proclamation d'indépendance de l'Etat d'Israël. Le jeune journaliste et écrivain Elie Wiesel participe de cette école de pensée juive de langue française dans un effort de renaissance du judaïsme. Les étapes de la vie d’Elie Wiesel, qui sont autant d’expériences riches d’enseignements, ont été formatrices dans l’élaboration de sa pensée. Enfant, il baigne dans le hassidisme. L’étude du Talmud et de la Kabbale lui devient familière. Après avoir éprouvé l’expérience concentrationnaire dans toute son horreur, sa renaissance est structurée par son passage dans les Maisons d’enfants de l’Œuvre de secours à l’Enfance (OSE), qui l’accueillent à son arrivée en France et l’accompagnent dans la consolidation de sa formation intellectuelle. À l’instar de ses pairs de l’École de pensée juive de Paris, Élie Wiesel est influencé par le philosophe éclairé Jacob Gordin (1896-1947), et par M. Chouchani (?-1968), mi-fou mi-prophète, qui devient son maître talmudique. À cette époque, sa pensée est également structurée par ses participations au Colloque des intellectuels juifs de langue française (1957-2004). Cet intellectuel juif est le premier à avoir eu l’intuition en 1982 que l’éthique sur lequel reposait cet élan ne pouvait que conduire qu’à l’échec, pressentant l’éclipse de cette figure contemporaine. En sorte que de nos jours, les éveilleurs de la conscience (juive) cherchent un successeur à Élie Wiesel.