Institut Universitaire Elie Wiesel

Xénophobie et théories du complot avant l’ère des Lumières. Préhistoire de deux notions contemporaines jusqu'à l’époque de la Révolution française

Alors que l’histoire de l’antisémitisme jusqu’à l’ère moderne incluse est bien documentée, la fabrication politique et même médiatique des concepts de haine envers l’étranger et de complot (contre le pouvoir royal ; l’Église et la Foi notamment) sont à tort vus comme nés avec l’époque contemporaine et, en tout cas, dans le cadre de la démocratie dont ces concepts seraient les ennemis. Or, si la xénophobie et les théories du complot minent très certainement les sociétés contemporaines, la mise en œuvre de la xénophobie est datable, en France, de l’époque suivant immédiatement les guerres de religion, après lesquelles elle est utilisée par les partisans de la monarchie absolue, à l’époque où progresse la notion d’État-Nation. Une véritable « fabrique de l’odieux » se met alors en place, qui est l’œuvre d’auxiliaires du pouvoir, les écrivains gagés, qui développent une abondante production de libelles dont la diffusion croit avec les progrès de l’imprimerie et de la presse. Ainsi les « fake-news » et la « désinformation » trouvent leurs racines dans l’histoire des XVIe et XVIIe siècles, tandis qu’en réaction à la Révolution française prends corps, dès 1789, un « complotisme » qui cherche à expliquer par l’action de forces cachées (Les Juifs de manière secondaire, mais avant tout les francs-maçons et les Philosophes) et non par des raisons économiques, sociales et politiques, l’écroulement de l’univers mental de l’Ancien Régime. Le but de ce cours consiste à rétablir l’histoire de la xénophobie et du complotisme sur la longue durée, à partir des textes d’époque, pour les sortir de l’immédiateté de l’actualité et des réseaux sociaux.