Institut Universitaire Elie Wiesel

En 2025, sera célébré le centenaire de l’Université hébraïque de Jérusalem. Le Pr. Dominique Bourel, qui a souvent travaillé dans les archives de cette institution, retrace son histoire, de sa préhistoire en 1884 jusqu’à la proclamation d’indépendance de l’État d’Israël en 1948. Inaugurée en 1925, l’université d’Harvard aux États-Unis établissait un numerus clausus pour les étudiants juifs.  

Jean-Jacques Rousseau écrivait : « Dans les trois révélations, les livres sacrés sont écrits en des langues inconnues aux peuples qui les suivent. Les Juifs n’entendent plus l’hébreu, les chrétiens n’entendent ni l’hébreu ni le grec ; les Turcs ni les Persans n’entendent point l’arabe ; et les Arabes modernes eux-mêmes ne parlent plus la langue de Mahomet. Ne voilà-t-il pas une manière bien simple d’instruire les hommes, de leur parler toujours une langue qu’ils n’entendent point ? » (Émile ou de l’éducation [1762]) L’Université hébraïque de Jérusalem fut instituée pour renverser ce mouvement, ainsi que les quatre séances chronologiques le démontreront. 

Séance 1 : Sa préhistoire de 1884 à 1925 

La question du savoir et de la transmission est consubstantielle à l’histoire des juifs : 

Institutions juives, Yeshivot, universités, séminaires, et non-juives, Collège de France, EPHE. 

On doit la première idée au professeur Hermann Schapira (1840-1898) : Deux congrès sionistes traitent de la question (1897/1913). 
Le premier véritable projet (1904) est signé par Haim Weizmann (1874-1952), Martin Buber (1878-1965) et Berthold Viertel (1885-1953). 

On suivra la naissance de la bureaucratie, les oppositions à cette institution et le rôle de Jehuda Leib Magnes (1877-1948). 

Séance 2 : Sa création en 1925 

  La cérémonie d’ouverture 1 avril 1925, naissance de l’Institut d’Études juives fin 1924. 

Témoignages, examen des invitations et premières disciplines, Microbiologie, Chimie, Orientalisme. Création de la bibliothèque nationale et universitaire sous la direction de l’ami de Kafka, Shmuel Hugo Bergmann (1883-1975). Inauguration des éditions de et des revues de l’université. Place du judaïsme entre la pensée juive et la culture académique. Les premiers recrutements et les détails des enseignements. Les préfacultés de médecine et de droit. La création des SHS en 1928. 

Séance 3 : Les premières années de 1925 à 1933 

Une première évaluation internationale : La commission de Sir Philipp Hartog. Les rapports avec les différentes disciplines dans le monde, et la nécessité des traductions d’ouvrages en hébreu. Exemple des départements de philosophie, sociologie, d’histoire et de langues orientales, littérature hébraïque, chimie, mathématique. Les premiers étudiants et la première thèse. Le rôle des femmes dans les premières générations. Débats entre Weizmann, Magnes, Einstein, Freud sur les buts d’une université hébraïque. La spécificité du département d’archéologie. La station expérimentale (1921) et les premiers laboratoires et le séminaire de mathématique et de physique. 

Séance 4 : Son évolution de 1933-1948 

Questions d’émigrations des enseignants, des étudiants ; économie de guerre, sur le fonctionnement de l’université. Les choix des enseignants les plus actifs : Andreas Fodor, Gershom Scholem, Leon Roth, Martin Buber, Joseph Klausner. Le passage d’un établissement de recherche à un établissement d’éducation universitaire. 

Passage du modèle allemand au modèle américain et impact dans la société préétatique. Débat sur l’enseignement des langues étrangères (à l’hébreu). Rôle de la seule université juive au monde dans la diaspora. Rehavia, le quartier des professeurs. 

À PROPOS DE 

Dominique Bourel est philosophe et historien. Diplômé de l’EPHE sous la direction de Richard Stauffer, docteur en philosophie, et docteur ès lettres depuis 1994 sous la direction de Pierre Chaunu, il entre au CNRS en 1981 en spécialiste d’histoire intellectuelle juive-allemande et berlinologue. Il est directeur de recherche émérite au CNRS, Centre Roland Mousnier de la Sorbonne. Ancien éditeur chez Albin Michel et directeur de la rédaction de la Revue de Synthèse de 1989 à 1995, il est invité comme enseignant dans diverses universités allemandes, italiennes et israéliennes. Il est l’auteur d’une centaine d’articles scientifiques, membres de plusieurs comités de rédaction de revues d’érudition, et de sociétés savantes, ainsi que l’auteur de traductions, d’éditions et de recueils collectifs dans ces domaines.