Institut Universitaire Elie Wiesel

Aux origines de l’histoire du sionisme 1860-1914 - Présentiel et zoom

Enseignant: 
Année universitaire: 
2023-2024
Description: 

Plan synopsis des quatre conférences :

 

Séance 1. Modernité des Lumières et judaïsme d’Occident.

Haskala, Wissenschaft des Judentum, le franco-judaïsme et l’Alliance israélite universelle (1860).

Il s’agit d’étudier comment la modernité occidentale du XVIIe siècle, de Descartes à Spinoza (la  « crise de la culture européenne », Paul Hazard, 1935), a ouvert le chemin des Lumières au XVIIIe siècle et s’est répercutée sur le monde juif (y compris le plus traditionnel) en Europe. Comment elle a donné naissance à la Haskala allemande au XVIII° siècle (M. Mendelssohn), laquelle figure l’un des berceaux du sionisme futur. Et en quoi.

Dans une Europe de plus en plus sécularisée, les « Lumières juives » font du judaïsme un sujet de connaissance et un objet d’histoire soumis à un regard scientifique qui se situe dans la droite ligne de l’ouvrage fondateur d’Ernest Renan Vie de Jésus (1863).

Comment la modernité a modelé le judaïsme d’Occident, puis, par extension, celui d’Europe orientale et sur les marges celui du monde arabo-musulman.  Dans ce paysage en mouvement, le franco-judaïsme enfin offre une histoire singulière marquée par une extraordinaire floraison intellectuelle (dont la figure maîtresse demeure Joseph Salvador) qui voit dans la Révolution française et l’émancipation des Juifs (1791), l’incarnation politique de l’œuvre du législateur Moïse. Ce faisant la France crée un modèle de judaïsme imperméable au sionisme : la patrie de la Révolution figure la rédemption attendue. La création de l’Alliance israélite universelle à Paris en 1860 par 17 jeunes hommes juifs appartenant aux couches moyennes intellectuelles s’inscrit dans ce contexte. Il explique pourquoi l’AIU demeurera le plus farouche adversaire du mouvement sioniste jusqu’en 1940.

 

Séance 2. La nébuleuse des Amants de Sion (ou Amour de Sion, Hibbat Zion).

Origines, tentatives d’organisation et buts.

Autour de Autoémancipation de Léon Pinsker (1882).

Dans le contexte d’une sécularisation des cadres de pensée qui gagne aussi les mondes juifs locaux, on assiste dans l’Europe du deuxième tiers du XIXe siècle à une reviviscence de l’hébreu comme langue journalistique et comme langue littéraire, depuis le journaliste Peretz Smolenskin (Ha Shahar, 1865) jusqu’à l’instituteur-romancier Abraham Mapou (Ahavat Zion, 1853).

Dans l’empire russe, après la vague dévastatrice des pogroms (1882-1884), cette renaissance est le signe avant-coureur de l’émergence d’une nébuleuse d’associations sous le nom générique de Ahavat Zion dont le but est le « retour à Sion ». Mais sans ligne politique cohérente ni coordination malgré la tenue de plusieurs congrès dans les années 1880. En dépit aussi de la tentative d’unification quand est portée à la tête de cette nébuleuse un médecin juif d’Odessa, auteur (anonyme) de l’un des premiers manifestes du sionisme politique, Auto émancipation. Lettre d’un juif russe à ses frères (en allemand, Berlin, 1882). Mais sans moyens financiers ni objectifs clairs, en proie à la surveillance d’un régime policier et antisémite, le mouvement piétine, divisé plus encore entre ceux qui prônent le retour à Sion et ceux qui privilégient le retour au judaïsme (cf. Ahad Aham).

 

Séance 3. Le « moment Herzl ». 1896-1904

La nation, l’État, le retour des Juifs au politique

 Juif d’origine hongroise et de culture allemande, le journaliste Theodor Herzl (1860-1904) intervient dans ce contexte alors qu’il ignore tout des Amants de Sion et des efforts d’organisation du protosionisme russe. Comme il ignore tout de la renaissance hébraïque aussi bien en Europe qu’en Eretz Israël. C’est un avantage.

Herzl n’est pas un penseur du sionisme, il en est l’organisateur et le grand coordonnateur après la publication en 1896 de son court livre-programme, L’État des Juifs. Dans la foulée, avec quelques rares amis, et souvent sur ses fonds propres, il tente de monter une organisation qui met sur pied le premier congrès sioniste (Bâle, 1897), suivi d’autres congrès annuels (puis bi-annuels). Au-delà de ses nombreux échecs diplomatiques, Herzl jette les bases d’un grand mouvement politique qui, avec la tenue du premier congrès sioniste s’apparente à la révolution politique qui, dans la France du printemps 1789, fait basculer en quelques semaines les États généraux en Assemblée nationale constituante. 

Herzl était convaincu de l’importance de son œuvre diplomatique. Ce fut un échec complet. C’est l’autre versant de son œuvre qui va rester à laquelle il croyait peu, car, bourgeois banalement réactionnaire de son temps, il se défiait de tout recours au peuple. L’organisation sioniste qu’il contribue à mettre sur pied en sept ans seulement d’action politique jettera les bases de l’État juif.

 

Séance 4. La construction du foyer national juif.

Première et deuxième alya.

Du schéma colonial au schéma national, 1881-1914

 

Dans la foulée du mouvement des Amants de Sion, des immigrants venus essentiellement de l’empire russe et de Roumanie arrivent en Palestine entre 1882 et 1904. Administrativement, la Palestine fait partie de la province de Syrie dans le cadre de l’Empire ottoman.

Pourquoi distingue-t-on une première alya (jusqu’en 1904) et une deuxième de 1904 à 1914 ?   Quelles furent les caractéristiques de la première alya et pourquoi frôla-t-elle un échec complet. Et quel fut alors le rôle (ambivalent) du baron français Edmond de Rothschild ?

En quoi la deuxième alya constitua-t-elle une rupture avec cette première vague d’immigrants ? Et comment, par pragmatisme plus que par souci idéologique, cette vague d’immigrants aux effectifs modestes a jeté les bases du futur État d’Israël en mettant sur pied, entre autres, des structures d’agriculture collective (premier kibboutz, Degania, 1913), et en faisant du socialisme le moyen de construire la nation et non une fin en soi.

 

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INSCRIPTION

Séance(s): 
Mardi, 6 Février, 2024 - 19:00
Mardi, 13 Février, 2024 - 19:00
Mardi, 27 Février, 2024 - 19:00
Mardi, 5 Mars, 2024 - 19:00
Référence:
CU23-5
Prix: 
70,00 €
Prix étudiant: 
45,00 €