Institut Universitaire Elie Wiesel

L’histoire juive défie toutes les catégorisations et « exclut l’indifférence », comme l’écrivait Léon Poliakov. Le judaïsme, logiquement, aurait dû disparaître après la destruction du premier Temple, avec la perte de souveraineté territoriale. Les Prophètes ont façonné un autre judaïsme, tendant à l’universalisme et au monothéisme plus strict. Mais la destruction du second Temple aurait pu être également fatale, alors qu’il accéléra un processus conduisant à la suprématie rabbinique et à la compilation des sources qui deviendront le Talmud, dans des sociétés dominées désormais par le christianisme. Le judaïsme aurait pu péricliter après les Croisades, auxquelles succéderont les expulsions et les persécutions, ainsi qu’un statut d’infériorité dans les sociétés musulmanes, mais de brillantes communautés assurèrent au contraire pérennité et renouveau des traditions, qui ne firent que s’enrichir d’influences culturelles très diverses. Le siècle des Lumières aurait pu fossiliser une religion et des traditions trois fois millénaires, mais le judaïsme produisit ses propres Lumières, au prix de profondes scissions internes, pour s’inscrire dans ce grand mouvement dont nous portons encore les fruits.

Quels sont les ressorts qui permirent au judaïsme de se régénérer constamment, tout en respectant d’antiques traditions ? Peut-on déceler une linéarité dans cette histoire qui n’est apparemment faite que de coupures, de ruptures et d’épreuves ?

I/ La formation d’un peuple : du premier au second Temple

II/ La redéfinition d’une identité : du second Temple à la Première Croisade

III/ Grandeurs et malheurs d’un peuple, sous le joug chrétien et musulman

IV/ Les Lumières juives dans les Lumières européennes