Institut Universitaire Elie Wiesel

Le désir d’enfant chez la femme est un élément déterminant et évident, mais dont les ressorts sont complexes. On sait que, mystérieusement, une femme peut inhiber sa maternité, « s’empêcher » d’avoir un enfant. Au-delà de la complexité des cas, il faut aborder l’infécondité chez la femme dans la Bible, non comme un handicap, mais comme un moment d’approfondissement du sentiment de la Loi, par la traversée d’une intense souffrance qu’illustre le cri inoubliable de Rachel : « Fais-moi un enfant ou je meurs »

Pourquoi les femmes éminentes de la Bible sont-elles infécondes ? Quelle est l’attitude de l’homme qui partage leurs vies, face à cette souffrance ? Pourquoi donnent-elles naissance à des figures essentielles, après que l’Autre divin se soit « souvenu » d’elles, ce qui resserre les liens entre la femme et Dieu, en contraste de la réputation patriarcale du texte biblique. Cela suppose une exploration systématique de ces figures d’infécondité surmontée dans le corpus biblique.

On étudiera les cas Rachel et Hannah, qui accouchèrent de Joseph et de Samuel, et celui de la mère anonyme de Samson. Pourquoi a contrario Mikkal, fille de Saül et femme de David, fut-elle condamnée à la stérilité à vie ? La psychanalyse du désir d’enfant permettra de relire ce processus, pour mieux comprendre, via le texte biblique, ce que représente l’enfant comme objet cause de son désir pour une femme, mais aussi pour dégager le sens quasi prophétique du moment d’infécondité.