Institut Universitaire Elie Wiesel

SYNTHÈSE DE LA CONFÉRENCE DE LIMORE YAGIL, DU 24/02/2020

"Désobéir, Policiers et Gendarmes sous l'Occupation 1940 – 1944"

Limor Yagil renverse les préjugés, les à priori qui pèsent sur la pensée de l'histoire des policiers et gendarmes sous l'Occupation de 1940 à 1944.

En effet, il y a eu une frange non négligeable d'entre eux (et contre toute attente pour les hommes de l'ordre, des serviteurs fidèles de l'État, qui ont pour tâche d'exécuter les ordres et de faire respecter l'ordre) qui n'ont pas suivi les directives de l'Autorité de Vichy ou de l'Autorité allemande, qui ont osé désobéir aux ordres, ont obéi à leur conscience, à ce que leur dictait leur honneur, et ont illégalement sauvé des vies, en encourant les risques les plus lourds (déportation).

Ce qui montre, à postériori, qu'au cœur du système vichyssois, il était possible de contrevenir aux ordres.

Il faut donc nuancer l'image que l'on a des policiers et gendarmes sous l'Occupation, en France et bien distinguer la police régulière des polices supplétives (la police spéciale aux "Questions Juives" collaborationniste, la police anti-communiste et la police chargée des sociétés secrètes) qui, elles, ont appliqué les ordres avec zèle.

Très peu de policiers et de gendarmes relevant de la police régulière ont accepté de servir les nazis. Loin d'être des traitres, leur activité de résistance et de désobéissance civile a infléchi de manière déterminante le sort des Juifs sous l'Occupation.

Car, comment expliquer que, contrairement à d'autres pays en Europe, 75% des Juifs en France ont été sauvés, soit 230 000 Juifs qui ont eu la vie sauve ?

Le rôle des policiers et des gendarmes, leur désobéissance civile est sous-tendue par l'échec des grandes rafles, leurs sabotages et le sauvetage des Juifs entre 1940 à 1944.

Pour comprendre ce sauvetage, il faut comprendre le "Désobéir".

Et ce qui s'est fait par conviction, par devoir sur le plan individuel a nécessité une aide des soutiens sur le plan collectif (celle des collègues, de la hiérarchie et du milieu environnant).

Nombreux, parmi les policiers et les gendarmes, sont ceux qui ont agi de manière clandestine, en aidant :

  • Les aviateurs alliés
  • Les prisonniers évadés, et parmi eux des Juifs (en leur délivrant des cartes d'identité, ou de faux papiers)
  • Les réfractaires au "STO" (en leur permettant d'y échapper)
  • Les résistants en fuite
  • Les Juifs (en leur fournissant de faux papiers ou en empêchant leur arrestation, en leur trouvant des lieux d'hébergement pour les cacher, là où ils ne seraient pas susceptibles d'être dénoncés, en leur permettant de franchir la Ligne de Démarcation ou la frontière)
  • En cachant des armes, en soustrayant des armes aux Allemands, etc.

Et, plus on avance dans le temps, et plus se présentent des cas de désobéissance civile.

Parmi les policiers et les gendarmes français, 69 ont reçu la Médaille des Justes.

Mais ce chiffre minore leur importance, car ces actes sont restés souvent anonymes.

Qu'on se le dise, il y a eu des policiers et des gendarmes en une telle période, pour refuser avec courage et foi, que des gens soient enregistrés, marqués et traités comme du bétail...!

 

Florence Kramer.