Institut Universitaire Elie Wiesel

Michèle Chiche : mon témoignage sur l'Institut Elie Wiesel ...

Enfin la retraite tant attendue… Après quelques mois d’euphorie pour n’avoir plus à vivre les yeux sur la montre, c’est l’ennui qui s’installe.
La lecture peut être passionnante, mais au-delà de quelques heures elle devient fatigante. Et puis il y a l’isolement : tourner dans un appartement vide après que les enfants aient installé leurs vies ailleurs, trop loin pour les voir souvent. Et surtout ce sentiment d’encroutement intellectuel, noyée dans la ronde des infos débitées sur les radios ne donnant comme réflexion que de la sinistrose … Rien de nouveau, rien d’exaltant, la conscience de se rouiller, de s’encrouter, de s’enliser dans la monotonie de la vieillesse….

J’apprends un jour, par hasard, que le Centre Communautaire ouvre un Institut Universitaire Je me renseigne : parmi les enseignants, Robert Misrahi, condisciple de mes études de philo, fait une série de cours sur Spinoza dont la théorie persiste à me rester étrangère malgré de nombreux essais de lecture. Je m’inscris donc à ce cours et, dans la foulée, à quelques autres, pour ne pas faire un si long déplacement pour une heure et demi seulement.
Et de ce jour, ma vie a repris tout son  sens : chaque après-midi ,se préparer, sortir de son nid douillet, retrouver la précipitation du métro et des bus comme au temps de l’activité, côtoyer d’autres « étudiants » de mon âge, retrouver un peu de l’ambiance de la Fac de mes vingt ans, la salle de cours, les notes prises sur des calepins, les bavardages d’avant le cours, et la philosophie de Spinoza qui s’éclaire  enfin pour moi et tout ce qui se dévoile dans les autres cours et m’emplit l’esprit  et le cœur.

D’année en années les cours de l’Institut se sont étayés de nouvelles disciplines, de nouveaux professeurs, de nouveaux sujets,  tous attrayants, si bien que cette année, la huitième de l’Institut, j’ai un pass qui me permet d’assister à presque tous les cycles d’études et il y en a une quinzaine, tous aussi passionnants.

Après huit ans de fréquentation assidue de l’Institut, si le transport est toujours pour moi aussi long et de plus en plus fatigant avec l’âge, la fréquentation  des cours qui nous sont offerts m’est toujours aussi indispensable et c’est avec de plus en plus de plaisir que je franchis chaque après-midi la porte du Centre vers 15 heures pour en ressortir plus riche de connaissances, d’amitiés et de joie vers 20 heures et reprendre les métros et les bus,la tête dans les étoiles.

Grace à l’Institut j’ai découvert l’archéologie et l’art des temps bibliques, Je me suis initiée à l’exégèse talmudique qui m’était parfaitement inconnue, j’ai vibré à la poésie de Paul Celan, j’ai appris que nos ancêtres hébreux pratiquaient une médecine de pointe, je me suis familiarisée avec les lois de la thora, et de plus je me suis fait de nouveaux amis parmi mes camarades d’études retrouvés chaque jour avec plaisir.

Merci aux professeurs mais aussi à tous ceux qui nous organisent ces cours. Les dirigeants de l’Institut qui choisissent les matières à nous offrir et persuadent les professeurs à se déplacer, souvent de loin, pour nous. Merci à Martine, l’irremplaçable secrétaire,  qui organise le quotidien de l’Institut pour que tout fonctionne, à Sarah qui nous accueille de son beau sourire et s’occupe de la documentation et à tous ceux que nous ne voyons pas mais qui œuvrent pour notre plaisir.

Vous, les retraités qui s’ennuient, seuls devant leur télé, venez vous joindre à la cinquantaine d’étudiants du troisième âge qui usent les chaises de l’Institut depuis tant d’années avec toujours plus de plaisir. Vous ne regretterez pas d’avoir abandonné vos pantoufles pour l’ambiance studieuse et chaleureuse de l’Institut. Vous y gagnerez de nouveaux amis, vous élargirez vos connaissances, vous oublierez l’ennui et la solitude. Nous vous attendons.

A BIENTOT ! 

Michèle

 

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