Institut Universitaire Elie Wiesel

La philosophie juive, dont l’unité reste à définir, puise ses idées dans la tradition et les met en dialogue avec la philosophie européenne, depuis l’antiquité. Il nous importe donc de comprendre les spécificités de cette altérité et la manière dont elles nous engagent sur de nouveaux chemins de réflexion. Le cours de l’année dernière portait sur le lien essentiel entre le messianisme et l’utopie dans la pensée juive. La projection d’un monde nouveau devait fournir de sérieux outils pour la conception des utopies. Mais au fond, il s’agissait là d’une recréation du monde, qui succédait à la création originelle. De sorte que nous pouvons voir se réitérer un intérêt quasiment systématique chez un grand nombre d’auteurs, qui concerne l’idée de création en tant que telle. De la création ex-nihilo à ses conséquences ésotériques décrites par Gershom Scholem, au processus créatif de l’activité onirique chez Ernst Bloch, en passant évidemment par les profonds développements de Rosenzweig sur la création comme fondement perpétuel des choses, ou encore de la dimension esthétique de la création chez Walter Benjamin ou Jankélévitch, il nous semble que nous pouvons circonscrire un objet commun qui sollicite la création contre le néant et la destruction et donne ainsi à la créativité une dimension éthique.

Bibliographie indicative :

• Franz Rosenzweig, L’étoile de la rédemption, Seuil, Paris, 2003.
• Walter Benjamin, Œuvres I, II, III, Folio Essais, Paris, 2000. (En particulier dans Œuvre III, « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité »)
• Gershom Scholem, La Kabbale, Folio Essais, Paris, 2003.
• Ernst Bloch, Le Principe Espérance, Tome III, Gallimard, Paris, 1991
• Vladimir Jankélévitch, La musique et l’ineffable, Point Essais, Paris, 2015 et L’irréversible et la nostalgie, Flammarion, Champs Essais, 2011.