Institut Universitaire Elie Wiesel

La Chaire Solidarité, Judaïsme et Action Sociale

NOUVEAU !

La Chaire Solidarité, Judaïsme et Action Sociale

 

EDITORIAL

Depuis plusieurs années, la volonté de création d’un lieu de réflexion, de formation, d’étude et de débat sur les rapports entre les problèmes soulevés par la société moderne et la pensée juive est exprimée dans de nombreux cercles et particulièrement parmi les acteurs de la vie associative juive et les intervenants sociaux.
Pour répondre à cette volonté, l’Institut Universitaire d’Etudes Juives Elie Wiesel propose une nouvelle structure conduite et animée par le Grand Rabbin Gilles Bernheim. Et ce, avec le soutien et la collaboration étroite des grandes institutions juives françaises à vocation sociale, éducative, culturelle, mémorielle et philanthropique, à savoir : l’OSE, le CASIP- COSAJOR, l’OPEJ, la Fondation du Judaïsme Français, la FMS et la Fondation de Rothschild.
Ce projet nouveau, Laboratoire de Pensée juive et Société Moderne, voit le jour sous l’égide et à l’initiative du grand Rabbin de France Haïm Korsia.
Le fil rouge qui relie tous les sujets qui seront abordés par ce Laboratoire est l’avenir du lien social, cette ceinture invisible qui transforme un agrégat d’individus en une communauté de personnes.
Ce Laboratoire se doit d’être un lien de rencontre pour tous, croyants, et incroyants, ouvert à tous ceux qui sont sensibles au dialogue, au souci de se former et à la recherche de sens.
Aujourd’hui, alors que les valeurs et les repères éthiques sont tout à la fois contestés, relativisés mais recherchés, ce Laboratoire se révèle bien accordé à notre époque.
Dans le cadre du Laboratoire de Pensée Juive et Société Moderne, fonctionnera la Chaire Solidarité, Judaïsme et Action Sociale.

Objectif de la Chaire : Solidarité, Judaïsme et Action Sociale

Présenter au grand public et à la société civile les idées-clefs de la pensée juive et une observation attentive des faits de civilisation dans le domaine de l’action sociale, la solidarité, l’économie, la famille, les nouvelles générations, l’éducation, la médecine, l’éthique, le droit, la culture ; dans la perspective d’une rencontre créatrice, originale et féconde entre l’éthique juive et les questionnements du monde contemporain.
L’activité de la chaire s’adresse sans aucune exclusive au grand public et à la société civile, aux citoyens de toutes convictions et confessions, désireux d’engager un dialogue entre le judaïsme et la cité.
La chaire accueille tout particulièrement les acteurs de la vie associative et les intervenants de l’action sociale, éducative, culturelle, médicale, psychologique et juridique.
C’est dans le cadre de cette nouvelle structure que seront organisées six conférences dispensées par le Grand Rabbin Gilles Bernheim ainsi que cinq soirées de conférences-débats d’éthique publique et un colloque annuel.

Conférences

1.    Thème :  Lundi 23 Novembre 2015 de 19h30 à 21h30
Aujourd’hui quel sens donner au travail ?  Approche talmudique, approche contemporaine.

    Donner un sens au travail ? Ne faut-il pas d’abord donner sens à la vie, car si la vie a un sens, le travail en a un aussi. Mais cela suppose le problème résolu. Peut-on au contraire espérer donner un sens au travail pour donner un sens à la vie ? Le travail est-il l’englobant de la vie ou englobé par la vie ? Et comment en construire le sens ? Dans le cadre du débat collectif, le sens se trouve à l’intersection du refus du non-sens du travail, du bon sens de ce dernier, et d’une quête d’un projet plus élevé.

2. Thème : Lundi 14 décembre 2015 de 19h30 à 21h30
Parce qu’il n’y aura personne pour réparer après toi . Ecologie et éthique biblique.

     Nous pensons que si une divinisation de l’homme peut aboutir aux pires dérives contre la nature, et en fin de compte contre l’homme, une divinisation de la nature ne peut qu’aboutir à la négation de l’homme.  C’est pourquoi, et dans le respect de la liberté de toute la conscience, il nous paraît que le discours biblique de la création, par sa symbolique, fournit une excellente garantie contre un type de dérives dont les dernières décennies ont montré qu’elles n’étaient pas imaginaires.

 

3. Thème : Lundi 11 Janvier 2016 de 19h30 à 21h30
Oser parler du handicap. Approche biblique et institutionnelle
  
  L’opinion publique attribue souvent à l’institution religieuse une fonction spécifique d’accueil de ceux qui sont coupés des moyens ordinaires d’accès à leur humanité. Il n’est donc pas illégitime de s’interroger sur la façon dont cette fonction pour les handicapés est effectivement remplie, et sur ce que l’institution religieuse s’inspirant de la tradition juive devrait offrir concrètement sur ce plan.

4. Thème : Lundi 15 Février 2016 de 19h30 à 21h30
La vieillesse, faut-il en avoir peur ? Approche judaïque, approche contemporaine.

    De nos jours, la médicalisation extrême, la gérontologie a conduit à considérer la vieillesse comme une maladie à guérir, et comme on ne guérit pas de la vieillesse, nombre de vieillards finissent au fond d’un bâtiment hospitalier. Les plus fortunés échappent aux mouroirs, mais pas à l’abandon et à l’oubli, derrière les murs d’une institution de luxe où l’on attend la mort. Aujourd’hui on ne dit plus « vivre et mourir » mais passé un certain âge, « vieillir et mourir » Il nous semble que les sociétés qui conçoivent le parcours des âges comme une ascension, devraient postuler à une perception de la vieillesse plus valorisante. Pour la Torah, vieillir est un devenir.
 

5. Thème :  Lundi 14 mars 2016 de 19h30 à 21h30
Tout est-il pardonnable ?  Entre la dette et l’oubli, approche talmudique, approche historique.

    Nous sommes pris dans une sorte de piège. D’un côté, il n’y a plus de responsables, plus de coupables, dans une société dont les mécanismes sont devenus d’une telle complexité que l’indifférence règne : la seul issue est alors une révolte contre l’injustice du système. De l’autre côté, il y a eu la lucidité sans faille des bourreaux nazis, face auxquels le pardon serait une trahison totale. De notre temps, ainsi par défaut ou à l’inverse par excès de lumière, la faute échapperait au pardon. Le pardon est-il devenu une parole impossible, irrecevable ?

6. Thème : Lundi 11 avril 2016 de 19h30 à 21h30
L’alibi de la solidarité : un déni de la fraternité ? Interrogations juives, interrogations modernes.

    Entre le déni de la fraternité et l’alibi de la solidarité : une contribution juive pour penser la fracture sociale et l’exclusion moderne. Car l’exclusion moderne, la fracture sociale ne sont pas à notre sens une fatalité mais la conséquence directe d’un déni de fraternité entre les hommes. C’est à l’étude de cette négation et à l’analyse de ses effets souvent destructeurs sur l’humain que cette approche talmudique est consacrée.
 

 

Conférences-débats d’éthique publique

Par ces conférences-débats d’éthique publique, il s’agit de proposer un  certain nombre d’éléments de compréhension et d’analyse des enjeux des grands problèmes de notre société ainsi que des repères, des critères et des pistes de réflexion permettant de mieux comprendre la singularité de l’héritage spirituel juif face à de tels enjeux. Mais aussi la singularité d’autres héritages spirituels ou philosophiques. Ces conférences à deux voix mettront face à face le grand Rabbin Gilles Bernheim et un interlocuteur issu de la société civile ou du monde universitaire.

 

Mercredi 2 Décembre 2015 à 19h30
1. Choisir sa mort est-il un droit ?
Dominique Jacquemin, professeur de Théologie morale à l'Université Catholique de Louvin - la Neuve et Gilles Bernheim, Grand Rabbin.

Compréhensible en raison de l’insolence de la souffrance et du tragique de la solitude que suscite cette souffrance, l’euthanasie  n’en demeure pas moins habitée par la volonté de soumettre la mort à notre désir de la maîtriser qui tend à récuser le lien indépassable pour nous entre la vie et la mort.
Toute réflexion sur le droit à choisir sa mort ne saurait être séparée de ce contexte.

 

Mercredi 13 Janvier 2016 à 19h30
2. La victime a-t-elle toujours des droits ?
Monette Vacquin, psychanyste et Gilles Bernheim, Grand Rabbin.

Alors que notre société prône le culte du gagnant, la figure de la victime discriminée en est arrivée à occuper celle du héros. La médiatisation des catastrophes a révélé que l’unanimité compassionnelle était en train de devenir l’ultime expression du lien social.
Jusqu’où irons-nous dans cette « victimisation» généralisée, issue d’un courant qui a émergé dans les années 80 et qui se nourrit de l’idéal égalitaire et de l’individualisme démocratique. Cette question n’est pas posée ici de manière théorique mais dans le contexte social et politique bien précis de la société français actuelle. Le critère central à l’aune duquel les choix politiques sont déterminés étant la justice, il s’agit d’expliciter ce qui fonde la revendication à l’ouverture à toujours plus de droits, sous la forme d’une lutte contre toutes les discriminations.

 

Mercredi 10 Février 2016 à 19h30
3. La société européenne face au retour du religieux : Interrogations et craintes.
Louis-Léon Christians à l'Université Catholique de Louvain - la - Neuve, Professeur titulaire de la Chaire de droit des religions et Gilles Bernheim, Grand Rabbin.

Le retour du religieux paraît devoir se faire aujourd’hui dans la confrontation et l’antagonisme, face à des sociétés perçues comme perdant leurs valeurs et illusions. Comme si une forme de réappropriation du religieux ne pouvait se faire que dans la négation, dans l’altérité, dans une projection vers un futur idéalisé qui gomme conjointement le présent et le passé. Si l’on veut bien sortir des logiques simplificatrices et hâtives, on peut imaginer toutes sortes de ponts, de canaux, d’échanges qui permettraient aux religions d’être associées en toute humilité aux débats de la cité ; d’aider la société à sortir des ornières, de contribuer à éclairer ses choix, d’imaginer des solutions porteuses d’espoir pour tous. Mais à quelles conditions, pour la société, pour les religions ?

 

Mercredi 16 Mars à 19h30
4. La loi religieuse à l’épreuve de la démocratie
Professeur Yves-Charles Zarka, Philosophe, Professeurs à la Sorbonne, Université Paris-Descartes et Gilles Bernheim, Grand Rabbin.

Israël se veut un état « juif et démocratique » puisant ses valeurs de liberté, d’égalité et de justice dans le message biblique autant que dans les Lumières européennes. Né de la réalisation d’une idéologie « profane » - le sionisme qui a été élaboré et véhiculé par des militants, non religieux et souvent athées-, Israël tire néanmoins l’essentiel de ses symboles de légitimité dans la tradition juive qui s’est imposée dans le choix de l’hébreu comme langue nationale ou dans celui du shabbat comme jour de repos hebdomadaire, sans oublier le fait que l’idée même d’Etat juif s’inspire du vieux rêve messianique du « retour à Sion » et du « rassemblement des exilés. »
La Torah, parole révélée au Mont Sinaï est-elle compatible avec la démocratie, parole issue de la raison humaine ?
La Torah est-elle politiquement compatible avec l’esprit démocratique qui caractérise l’Etat d’Israël ?
Le débat touche ici à l’essentiel de la réflexion politique.  
 

Mercredi 16 Mars à 19h30
5.  Faire face aux violences de la maladie grave. Regard du judaïsme, regard du siècle.
Emmanuel Hirsh, Professeur d'éthique médicale, Université Paris Sud et Gilles Bernheim, Grand Rabbin.

Il est difficile d’entendre les violences de la maladie dans une société aseptisée qui fait de la santé une obsession, et qui a tendance à évacuer ou à dissimuler les effets dévastateurs d’une maladie grave, voire incurable parce que c’est un échec insupportable du processus de guérison et de réparation de la vie. Pourtant l’expérience de la maladie, même lorsqu’on s’en remet, bouleverse tous les aspects de l’existence du patient, son identité intime et sociale mais aussi l’existence des accompagnants. Face aux violences de la maladie grave, comment faire état de ces bouleversements et savoir les nommer.