Institut Universitaire Elie Wiesel

Ignorée de la tradition philosophique, la tradition talmudique est ce que l’on appelle la transcription et l’interprétation orale de la Bible hébraïque. Elle comporte deux versions parallèles : l’une de Jérusalem, l’autre de Babylone, et les textes se classent sous deux rubriques : Halakha, qui a trait à la vie rituelle et sociale ; et Haggadah, qui se présente sous forme d’apologues. On doit aux docteurs du Talmud d’avoir révélé la sagesse juridique, allégorique et symbolique de cette tradition dite orale, qui a retenu l’attention de nombreux philosophes, tels que Maïmonide, Spinoza, pour les plus célèbres, ou encore, les philosophes juifs allemands, tels que Hermann Cohen, Gershom Scholem, Franz Rosenzweig, Martin Buber, ou encore Léo Strauss, pour ne citer que ces quelques noms., ou encore L’Étoile de la Rédemption, opus magnum de Franz Rosenzweig, paru en 1921, qui constitue à lui tout seul une matrice de lecture de la Bible hébraïque. L’auteur, dans l’héritage des docteurs du Talmud, y déploie une pensée qui interroge les fondements de l’expérience humaine. Ces fondements sont au nombre de trois : le Monde, l’homme et Dieu. Comment dès lors établir des relations dialogiques telles qu’on les trouve dans la Bible hébraïque : relations entre Dieu et l’homme, entre Dieu et le monde, entre l’homme et le monde et entre l’homme et l’homme. 

Le cours a pour objet de montrer comment les cinq livres de la Torah sont à l’origine d’une nouvelle pensée philosophique, exigeante, ayant pour objet de réhabiliter l’héritage juif au cœur de la pensée occidentale, et en particulier la parole des prophètes. . Nous étudierons la manière dont les philosophes juifs appréhendent les notion de création, révélation et rédemption), tout en faisant reposer leur argumentation sur des concepts et des principes que la tradition philosophique ignorait ou avait exclu de son horizon. Rédigé en partie dans les tranchées, durant la Première Guerre mondiale, un ouvrage comme L’Étoile de la Rédemption représente un tournant majeur de ce qu’il est convenu d’appeler le mouvement philosophique judéo-allemand. Le face-à-face entre Athènes (la philosophie) et Jérusalem (la Bible et la tradition rabbinique) est ici admirablement noué, et augure de ce qu’Emmanuel Levinas, désignera plus tard, dans A l’heure des Nations, comme étant un « rapport exceptionnel entre la sagesse biblique et le grec ».  

Séance 1 : Quelques considérations historiques et philologiques 

Séance 2 : Le tournant Moses Mendelssohn et les Lumières juives 

Séance 3 : Philosophie du judaïsme ou judaïsme philosophique ? Logos et prophétie 

Séance 4 : Jérusalem au risque d’Athènes : Franz Rosenzweig et Léo Strauss