Institut Universitaire Elie Wiesel

Entre magie et raison : des voyants, une artiste (Marina Abramovic), un écrivain spirite (Victor Hugo)

     La porte d’entrée est une recherche sur la sorcellerie, thème remis sur le devant de la scène par des féministes d’aujourd’hui qui se revendiquent sorcières. Mais ce n’est pas sous cet angle socio-politique que les sorcières suscitent ici l’intérêt : c’est par le terme de magie qui les caractérise aussi bien dans l’imaginaire collectif que dans la réalité historique. Réalité où les persécutions prennent sens de la lutte engagée contre une mentalité jugée archaïque, superstitieuse, obscurantiste. La magie, c’est l’autre de la raison qu’a combattu l’Occident.

       Tout un aspect de l’« irrationnel » s’applique au sujet brûlant du magique  comme ce vaste univers où s’inscrit l’occultisme (le spiritisme, le paranormal...) qui a toujours donné lieu aux idéologies les plus nébuleuses, aux pratiques les plus rocambolesques ainsi qu’à un marché plus prospère que jamais. Mais si  les sciences humaines s’en emparent, c’est pour légitimer un élargissement de la raison ordinaire vers ses marges qui témoignent de l’existence d’une « autre scène ». C’est par ce biais qu’on voudrait aborder le phénomène de la voyance, à travers la rencontre de modernes « médiums » ­­— voyants authentiques dont la pratique met en jeu un singulier rapport à leur corps, à l’altérité et à leurs paroles divinatoires. Cette trame d’une magie blanche recoupe aussi l’expérience artistique fascinante d’une performeuse comme Marina Abramovic, qu’on a pu définir comme une « presque sorcière ». Cette trame conduit également du côté du Victor Hugo spirite dont la pratique des tables tournantes s’avère partie intégrante de son génie d’écrivain.